L’infographie du lundi : la folie des grandeurs

Photo Davide Ragusa sur Unsplash

C’est lundi, c’est ravioli.

Sur notre blog, le lundi, c’est le jour de l’infographie.

Parce qu’une bonne illustration permet de comprendre des concepts parfois plus difficiles à expliquer avec des mots.

Aujourd’hui, nous allons nous intéresser aux attentes élevées/irréalistes/surréalistes des investisseurs en matière de performance de leurs investissements en nous appuyant sur l’enquête annuelle Global Investor Study 2019 commanditée par la société de gestion Schroders.

Cette enquête a été réalisée en avril 2019 auprès de 25000 personnes1 dans 34 pays, dont la France.

En moyenne, les personnes interrogées ont déclaré tabler sur une performance annuelle moyenne de 10,7% dans les 5 ans à venir, une hausse sensible par rapport aux attentes de l’an dernier, qui étaient de 9,9% en moyenne.

C’est beaucoup. C’est beaucoup trop2.

Pourquoi est-ce beaucoup trop ? Après tout, un investisseur exposé à l’indice MSCI ACWI3 aurait enregistré sur 10 ans une performance annualisée de 12,47%4.

Alors, pourquoi pas 10,7% par an dans les 5 ans à venir ?

Tout d’abord parce que par la magie du temps qui passe, les effets de la crise financière de 2008 ont disparu des données sur 10 ans.

Mais si l’on regarde la performance annualisée du même indice entre le 29 décembre 2000 et le 28 juin 2019, elle n’est plus de que 4,19%5.

Mais surtout parce que l’investisseur privé « moyen » n’est vraisemblablement pas prêt à s’exposer exclusivement à des actions.

Obtenir une performance annuelle moyenne supérieure à 10% dans les 5 ans à venir est possible en s’exposant aux seules actions, mais pas certain.

L’obtenir en ayant une exposition combinant des actions, des obligations et des actifs faiblement risqués me semble très optimiste (comprendre : impossible).

Les Français ayant été interrogés pour cette étude ont des attentes un peu moins élevées/irréalistes/surréalistes : « seulement » 9,1% par an.

Mais même 9,1% par an, c’est beaucoup trop, surtout quand on connaît l’appétit des épargnants français pour les actifs peu risqués et très peu rémunérateurs6.

Si l’atteinte d’un objectif requière une performance annuelle moyenne de 9 ou 10% dans les 5 ans à venir, il va y avoir d’énormes déconvenues.

Il est préférable de tabler sur 4% de performance et d’en obtenir 8% que l’inverse.

Les résultats de l’étude Global Investor Survey 2019 de Schroders sont accessibles ici. Les résultats pour les seuls investisseurs français sont accessibles là.

  1. Déclarant être prêtes à placer au moins 10 000 €, ou l’équivalent, dans les 12 prochains mois, ou ayant modifié leurs placements dans les 10 dernières années.
  2. Même si ça peut s’avérer exact dans 5 ans, rendez-vous en juillet 2024 pour le savoir.
  3. Le MSCI All Country World Index est exposé à plus de 2800 sociétés de grandes et moyennes capitalisations cotées sur 23 marchés développés et 26 marchés émergents.
  4. Version en euro de l’indice, source MSCI
  5. Version en euro de l’indice, source MSCI
  6. Les fonds en euros des contrats d’assurance vie par exemple, qui représentaient 1354 milliards d’euros au 31 décembre 2018 – soit 80% des encours totaux – et ont délivré un rendement moyen de 1,8% l’an dernier, avant prélèvements sociaux. On est très loin du compte.

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