L’infographie du lundi : la surperformance ne dure pas

Photo Davide Ragusa sur Unsplash

C’est lundi, c’est ravioli.

Sur notre blog, le lundi, c’est le jour de l’infographie.

Parce qu’une bonne illustration permet de comprendre des concepts parfois plus difficiles à expliquer avec des mots.

Aujourd’hui, nous allons nous intéresser aux performances passées, dont nous devrions tous savoir qu’elles ne préjugent pas des performance futures, mais que nous achetons néanmoins car c’est principalement ce qui est mis en avant par les distributeurs pour vendre un produit financier.

Les poètes ont à peu près écrit sur tout, et ce depuis longtemps.

Ainsi Malherbe (vers 1555-1628)  dans la Consolation à M. Du Périer sur la mort de sa fille :

Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses
L’espace d’un matin.

 

La surperformance existe par construction (dans une population de fonds donnée, sur une période suffisamment courte, il y aura toujours des fonds surperformants par rapport à un indice représentatif de leur univers d’investissement), mais elle vit aussi l’équivalent de « l’espace d’un matin » pour un investisseur, c’est-à-dire pas assez longtemps pour en profiter.

C’est ce que montre S&P DJ Indices, un grand fournisseur d’indices, dans une étude récente.

Pour mémoire, cette société analyse depuis plus de 16 ans les performances de la gestion active dans son étude SPIVA (dont il a été question dans cette infographie du lundi).

Source : IFA.com avec des données S&P DJ Indices

Sur une période de 6 ans (du 1er octobre 2012 au 30 septembre 2018), S&P DJ Indices a analysé la performance de fonds actions domiciliés aux Etats-Unis.

Les fonds ayant battu l’indice de référence de leur catégorie pendant la première période de 3 ans (1/10/2012 à 30/09/2015) ont été évalués pendant chacune des 3 années ayant suivi cette période de surperformance.

L’objectif était de voir dans quelle mesure la surperformance passée perdurait dans le futur.

En d’autres termes, si vous achetez la surperformance passée, avez-vous une probabilité raisonnable de tomber sur un fonds qui reste surperformant ?

4 catégories ont été analysées :

  • Les fonds actions Etats-Unis Grandes Capitalisations (« All Domestic Large Cap » dans le tableau ci-dessus).
  • Les fonds actions Etats-Unis Petites Capitalisations (« All Domestic Small Cap » dans le tableau ci-dessus).
  • Les fonds actions Monde (« Global » dans le tableau ci-dessus).
  • Les fonds actions Monde hors Etats-Unis  (« International » dans le tableau ci-dessus).

Pour chaque catégorie, le nombre de fonds ayant battu l’indicateur de référence de la catégorie (mentionné en colonne 2) est fourni en colonne 3 (le pourcentage est également fourni entre parenthèses).

Ainsi, 27% des fonds de la catégorie Etats-Unis Grandes Capitalisations ont battu l’indice S&P500 sur la période analysée (soit 298 sur 1089).

Les colonnes 4, 5 et 6 du tableau mentionnent le pourcentage des fonds ayant surperformé pendant la première période de 3 ans (les « gagnants ») qui continuent de surperformer pendant chacune des 3 années qui suivent (la première est en bleu – « Subsequent 1 year » -, la deuxième en marron – « Subsequent 2 years » – et la troisième en rouge – « Subsequent 3 years »).

Si un investisseur achète le 1er octobre 2015  un fonds de la catégorie Etats-Unis Grandes Capitalisations ayant surperformé pendant les 3 ans précédents, dans moins de 10% des cas (9,38%), ce fonds a continué à surperformer pendant l’année suivante ; l’année d’après, il n’y a plus de 6,64% des fonds « gagnants » qui continuent de surperformer ; et après trois ans, ils ne sont plus que 2,73%.

Récapitulons : sur les 298 fonds de la catégorie Actions Etats-Unis Grandes Capitalisations ayant surperformé sur 3 ans, seulement 8 ont continué de surperformer pendant chacune des 3 années suivantes.

Qu’en est-il des autres catégories étudiées ?

Sur les 101 fonds de la catégorie Actions Etats-Unis Petites Capitalisations ayant surperformé sur 3 ans, seulement 2 (soit 2,22% des « gagnants ») ont continué de surperformer pendant chacune des 3 années suivantes.

Sur les 281 fonds de la catégorie Actions Monde ayant surperformé sur 3 ans, seulement 2 (soit 3,45% des « gagnants ») ont continué de surperformer pendant chacune des 3 années suivantes.

Et sur les 205 fonds de la catégorie Actions Monde hors Etats-Unis ayant surperformé sur 3 ans, seulement 2 (soit 0,77% des « gagnants ») ont continué de surperformer pendant chacune des 3 années suivantes.

Moins de 3% des « gagnants » sur 3 ans restent « gagnants » après les 3 années suivantes.

En d’autres termes, la surperformance n’est pas durable.

Voilà pourquoi il est écrit partout que « les performances passées ne préjugent pas des performances futures ». Comme il est écrit sur les paquets de cigarettes que « Fumer tue ».

L’infographie d’aujourd’hui est extraite de ce post paru sur le site de la société Index Fund Advisors.

L’étude de S&P DJ Indices (Fleeting Alpha: The Challenge of Consistent Outperformance) peut être téléchargée ici.

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