L’infographie du lundi : histoires de flottant

Photo Davide Ragusa sur Unsplash

C’est lundi, c’est ravioli.

Sur notre blog, le lundi, c’est le jour de l’infographie.

Parce qu’une bonne illustration permet de comprendre des concepts parfois plus difficiles à expliquer avec des mots.

Aujourd’hui, à l’occasion de l’entrée en bourse de la société ayant la plus grosse capitalisation boursière au monde, nous allons nous intéresser à une notion peu connue, celle du flottant du capital des sociétés cotées.

Cette société, c’est Aramco1, une société active dans l’exploration et la production pétrolières et la chimie, jusque là détenue intégralement par l’Arabie Saoudite.

Avec 355 milliards de $ de chiffre d’affaires en 2018, pour un bénéfice de 111 milliards de $, c’est un géant : plus gros chiffre d’affaires, plus gros bénéfice.

Cotée pour la première fois le 11 décembre 2019 sur le Saudi Stock Exchange (Tadawul), la société a aujourd’hui une capitalisation boursière de près de 2000 milliards de $.

Comment calcule-t-on la capitalisation boursière d’une société cotée ? En multipliant le nombre d’actions composant son capital par son cours de bourse.

Si la société a émis 100 millions d’actions et que le cours de l’action est de 100 $, alors la capitalisation boursière de la société est de 100 millions x 100 $, à savoir 10 milliards de $.

Certaines sociétés ont un capital contrôlé par un ou plusieurs actionnaires qui n’ont pas l’intention de vendre leurs titres : pour Aramco, cet actionnaire est le royaume d’Arabie Saoudite. Pour LVMH, c’est la famille Arnault. Pour Amazon, c’est Jeff Bezos.

En ce qui concerne Aramco, seulement 1,5% du capital a été coté en bourse. Le solde – 98,5% – est toujours détenu par l’Arabie Saoudite.

La part du capital effectivement en bourse s’appelle le flottant (free float en anglais).

On voit dans l’infographie ci-dessus la taille du flottant des plus grandes capitalisations mondiales : pour la première d’entre elles, Aramco, le flottant est minuscule (1,5% du capital) ; pour les suivantes, le flottant va de 88% du capital pour Apple à 99,9% pour Alphabet, la maison-mère de Google.

Les sociétés construisant des indices boursiers utilisent le flottant pour affecter le poids de chaque valeur dans l’indice. Pour Aramco, ce sont donc 1,5% (la part du flottant dans le capital total) de 2000 milliards de $ (la capitalisation boursière de la société), soit 30 milliards de $, qui seront théoriquement pris en compte.

Nous avions parlé dans une infographie du lundi récente de l’indice MSCI Emerging Markets. L’Arabie Saoudite fait partie des 26 pays qui le composent. Le flottant de la première valeur du MSCI Emerging Markets à fin novembre 2019, Alibaba2, était de 338 milliards de $.

Aramco devrait intégrer rapidement cet indice3  et pourrait en être la 8ème ou 9ème valeur en flottant, avec un poids d’environ 1%. Voire moins, si les fournisseurs d’indices tiennent compte du fait que les investisseurs saoudiens ayant souscrit recevront dans une an une action gratuite pour dix détenues et réduisent le flottant utilisé pour calculer le poids d’Aramco dans l’indice.

Quel que soit le poids, il ne bouleversera pas la composition des grands indices.

Même si Aramco est bien un géant,  son poids – et donc son impact – dans les indices sera à la hauteur de son flottant. Dans l’indice MSCI ACWI (qui est la somme du MSCI World – 23 marchés développés – et du MSCI Emerging Markets), Aramco aura même un poids minuscule.

Cette infographie est extraite d’un article de Ben Scent et Jacqueline Gu de l’agence Bloomberg.

  1. Le nom officiel de la société est Saudi Aramco.
  2. Qui représentait 5,84% de l’indice.
  3. Ainsi que les indices de FTSE Russell et S&P DJ, deux concurrents de MSCI.

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