La cueillette des fruits financiers. La récolte des dividendes.
Aujourd’hui dans la petite cuisine de l’investissement c’est la saison de la récolte des dividendes sur actions. Voici comment bien l’appréhender et la comprendre.
En effet, même si chacun comprend assez facilement que les actions de sociétés cotées distribuent chaque année une part de leur résultat pour le rendre aux actionnaires, le mécanisme exact – la petite cuisine – mérite d’être détaillé.
Voici donc comment se déroule l’ensemble d’un cycle de versement de dividendes. Il se décompose en trois dates clés.
Etape 1 – La décision de distribuer – La date de déclaration
Ou “Declaration-date” en anglais.
C’est la première étape. Supposons que la société Pépettes SA cotée sur Euronext clôture son exercice comptable le 31 décembre de chaque année.
Elle tient alors obligatoirement une assemblée générale annuelle (ou l’équivalent dans d’autres pays) dans les mois suivants. Lors de cette assemblée, les actionnaires peuvent décider ou non de distribuer une partie du résultat de l’année précédente sous forme de dividende. Ils peuvent également décider de tout garder en réserve et de ne rien distribuer du tout.
S’ils distribuent, ils décident également du montant du dividende par action et du calendrier de paiement (deux dates dont nous allons parler après).
Si la Pépettes SA a eu un résultat net par action de 10 € en 2018, les actionnaires peuvent décider de distribuer 5 € par action 1 mois plus tard avec un paiement 1 mois et 2 jours plus tard.
Le jour où cette décision est annoncée au public est appelée “date de déclaration”.
Attention, aucun paiement n’est effectué à ce moment là.
Etape 2 – La cotation hors dividende – La date de détachement
Ou “Ex-date” en anglais.
C’est la date à partir de laquelle les actions sont cotées et échangées “sans dividende”, c’est à dire que le droit à percevoir le dividende annoncé à été “détaché” du titre.
En effet seules les actionnaires détenant les titres à la clôture de la veille au soir auront le droit de percevoir le dividende.
MAIS ALORS ! Il suffit d’acheter la veille, d’obtenir le droit au dividende et de revendre l’action le lendemain pour faire une rapide et facile fortune ?!
- – Un investisseur malin –
Eh non, bien sûr. Car très logiquement le cours du titre baisse approximativement de la valeur du dividende par action dès l’ouverture de la séance de la date de détachement, et il est donc impossible d’en profiter, dans un sens ou dans un autre.
Si le titre Pépettes SA, qui doit verser un dividende de 5 €, clôture à 50 € la veille au soir de la date de détachement il ouvrira environ à 45 € le lendemain, mécaniquement.
Et si vous vous dites qu’il est peut-être possible de profiter du petit décalage qu’offre ce “environ”, je vous le déconseille. En effet ce décalage est imprévisible, faible, et en moyenne nul (les marchés sont bien faits, il y a des arbitragistes professionnels derrière).
Ainsi l’heureux Monsieur Z détenteur d’un titre Pépettes SA possèdera juste un titre valant 50 € la veille du détachement, puis, dés le lendemain matin, un titre valant 45 € plus le droit d’être payé 5 € à une date future. Personne n’est lésé.
Mais il n’est pas encore payé ! Eh non, pour cela il faut attendre la date de paiement.
Etape 3 – La récolte elle-même – La date de paiement
Ou “Pay-date” en anglais.
C’est en effet à cette date précise et pas avant que la société Pépettes va verser la somme globale du dividende, somme qui sera répartie par le dépositaire central ( c’est quoi ? lire notre précédent article sur le sujet ) sur la base de la détention des titres observée au soir de la date de détachement. D’abord aux banques, à charge pour elles de répartir ensuite à chaque client concerné.
Ainsi, même si Monsieur Z, après avoir détenu le titre la veille du jour de détachement, décide de céder son titre avant la date de paiement, le dépositaire central par l’intermédiaire de sa banque, le retrouvera pour lui verser le dividende. Pas moyen de refuser de toucher le dividende ! Si vous aviez le titre la veille au soir du détachement vous allez être payés !
Bien sûr de nombreux prélèvements à la source sont possibles sur les dits dividendes. Acompte d’impôt, prélèvement sociaux, prélèvements sur les dividendes de société étrangères… le montant effectivement versé par la banque à Monsieur Z peut souvent être inférieur à 5 €. Mais c’est un autre sujet. Peut-être pour une prochaine fois…